Seule en mer

Publié le par Ulysse

Je ne sais pas si c’est parce que je suis une femme, ou si c’est parce que j’ai l’air gentil ou quoi … en binôme, j’ai une nette tendance à être commandée. Drivée, managée, coachée, contrôlée. Pas glop, pas glop. J’ai comme un défaut de crédibilité, je crois, et vous allez le voir, même quand je tends à sauver mon buddy….c’est moi qui me retrouve seule en mer, arggg.

 

 

 

 

 

Un beau dimanche de Juin.  Grand soleil sur la Normandie (mais si, mais si). Mer calme. Température de l’air : 20°C, de l’eau : 14°C.

Site : Epave de 1942 – Le GAUSS – DIEPPE – Profondeur maximale 23 m – temps de plongée prévue : 30 minutes.

 

 

 

 

 

Dans un grand élan d’émancipation, je me sépare de mon buddy habituel, moniteur chevronné, BEES et tout et tout. Je souhaite « faire mon expérience » voilà ! Hé, je suis plongeuse autonome tout de même ! Mon nouveau buddy est quasiment un géant et développe dès les prémices de notre partenariat, un instinct protecteur. « Après tout, sous l’eau, ça peut avoir du bon » me dis-je en ne laissant rien paraître.

 

 

 

 

J

Nous voilà sur l’épave, tranquille dans son linceul vert. Chouette visi, je me promène tranquille.

 

 

J+ 1 minute.

A 5 mètres de l’épave , Mr Buddy me fait signe. Je me rapproche intriguée. Qu’a t-il découvert de si extraordinaire pour motiver un éloignement de l’épave ? Hop, hop, j’évolue jusqu’à lui telle une sirène (totale narcose). Incroyable ! …..

Une étrille. Fantastique ! Une photo ? oh oui, pas de souci. Clac, clac, voici l’étrille la plus people de la côté d’Albâtre.

 

 

 

 

 

 

J+5 minutes.

C’est une impression ou mon Buddy ne nage pas droit ? Ne dis-rien, Ulysse, après tout, c’est pas parce qu’il s’agit d’une explo sur épave, qu’il faut l’explorer de près, l’épave. Le programme est « open » comme au club med. La mer propose, tu disposes.

 

 

 

 

 

 

J+10 minutes.

Mr Buddy me fait face et enlève son détendeur. Il se plie en deux et semble avoir des difficultés à respirer… Qu’auriez vous fait à ma place ? … Je pose ma main sur son bras gauche en préparation d’assistance « plongeur conscient », et vérifie son mano.

Y à tout plein d’air dans ce mano ! 120 bars, je n’y comprends rien. Les différents cas vus en préparation théorique défilent dans mon cerveau en alerte rouge. Bon, plus d’air, je passe mon détendeur. Mais un plongeur conscient, du bon air normand plein la bouteille et qui n’en veut pas ?

J’insiste « Toi, moi, on remonte »

Mr Buddy refuse.

Euh…on n’a pas vu ce cas en formation ? Grande perplexité d’Ulysse. Je fais quoi ? je lui mets une tatane ?

J’insiste. « Fin d’exercice, on remonte ».

Il a dû voir comme une lueur dans mon regard … et nous voilà en remontée dans le bleu.

 

 

Mais nous avons dérivé, et l'Ornyx n'est pas en vue. Grâce à son envergure de géant des mers, Mr Buddy disparaît rapidement me laissant seule dans l'Océan indifférent. Cette solitude bleue ... c'est tout simplement ma-gni-fi-que. Je ne peux m'empêcher de prendre la photo. J'adore cette sensation d'isolement et de silence : pas d'Ornyx à l'horizon, à babord un bateau de pêcheurs, devant moi des vagues, rien que des vagues !

 

 

Rien de tel qu'un petit capelé pour améliorer son jeu de jambes. C'est parti. Et une, et deux, et deux. Ha... tiens... il ne se passe rien ? Voyons, normalement le bateau à babord devrait se déplacer dans mon champ de vision ? Ok, je vais palmer de manière plus énergique. Et UNE, et DEUX, et UNE, et DEUX !

Je ne voudrais pas passer pour une susceptible, mais je vois du coin de l'oeil les pêcheurs se marrer dans leur moustache. Mille million de mille sabords, je n'ai pas avancé d'un kopeck. allez. Il n'est pas de bonne compagnie qui ne se quitte. Je me concentre. Je serre les dents. Je bande... les abdos. Crénom de nom, je suis fille de marin quand même ! Grrr.... J'avance, j'avance.

YESSS !!!! TERRE ! 'scusez moi c'est la narcose, non pas la Terre, mais l'ORNYX, dans le lointain là-bas, j'aperçois Claude qui me fait des grand signes.

SAUVEE !

 

 

J'attrape la ligne de vie, mmm, c'est le coup de foudre, y à comme un grand élan amoureux dans mon p'tit coeur pour cette ligne DE VIE, le directeur de plongée et le vaillant ORNYX.

 

 

Débriefing :

" Tout c'est bien passé ?"

Ulysse "oui, oui très bien"

Ulysse à Mr Buddy "Mais qu'est-ce qui s'est passé au juste ?"

Mr Buddy "oh j'étais malade, en fait je suis toujours malade. J'ai le mal de mer".

 

 

mouais... ne nous prenons pas la tête, fais passer le RHUM, je crois que je l'ai mérité sur ce coup là !

A votre santé !

Yach'ed Mad !  

 

 

 

 

 

 

Publié dans Plongées de ouf

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